VI
ATTAQUE A L’AUBE

— En route au nordet, annonça le timonier à voix basse.

— Très bien.

Herrick se dirigea vers le bord au vent de la dunette pour observer la terre. En se retournant pour inspecter le pont, il se rendit soudain compte qu’il distinguait les quelques hommes qui s’y trouvaient, alors que tout lui paraissait à première vue aussi sombre qu’avant.

Il revint à l’arrière, où Grubb se tenait près de la roue avec Plowman, son meilleur adjoint.

— Nous aurions déjà dû voir un signal, monsieur Grubb.

Il eût mieux fait de se taire et de garder pour lui son appréhension. Mais cela n’en finissait pas : cette approche lente et précautionneuse du Lysandre qui se dirigeait vers la terre encore invisible, la tension nerveuse des hommes à leur poste près de leurs pièces à chaque pont, tandis que d’autres étaient parés aux bras et aux drisses pour le cas où il aurait fallu ordonner un virement de bord en catastrophe.

De temps en temps il entendait, venu d’entre les bossoirs, le chant de l’homme qui annonçait la sonde, le plongeon du plomb qu’il jetait à l’eau.

Ils étaient sûrs de ne pas se tromper : le vent restait stable par le travers bâbord, les sondes étaient conformes à ce qu’annonçait la carte, Grubb avait une excellente connaissance de ces parages, il n’y avait pas l’ombre d’un doute.

Les bras enfoncés dans les replis de son lourd manteau, le pilote ressemblait encore plus à une masse informe.

— Mr. Plowman répète qu’il a vu le corps de débarquement partir sans encombre, monsieur. Il ne s’est rien passé, aucun signe insolite, pas l’ombre d’un espagnol – il hocha la tête et ajouta d’une voix sombre : J’suis ben d’accord avec vous, monsieur, voilà longtemps qu’on aurait dû avoir un signal.

Herrick se força à regagner le pied du grand mât, d’où Fitz-Clarence, de la lisse, surveillait le pont principal.

— C’est sacrément tranquille, fit Herrick.

Il essayait d’imaginer ce que fabriquaient Bolitho et ses fusiliers : se cachaient-ils, avaient-ils été pris, voire tués ?

Fitz-Clarence se retourna et leva le bras pour désigner la terre :

— Il fait plus clair, monsieur, beaucoup plus clair.

Herrick n’avait pas besoin d’avoir son attention attirée : l’ombre se dissipait, il distinguait même un croissant de sable et les embruns qui explosaient sur quelques rochers épars. Le Lysandre se trouvait tout près du rivage, mais il y avait assez d’eau. Dans un autre contexte, il se fût agi d’un atterrissage parfait, mais les circonstances, bien entendu, n’étaient jamais idéales lorsqu’on en avait le plus grand besoin.

— Et dix brasses !

Grubb confirma la sonde d’un grognement :

— La pointe doit être pile par le travers bâbord, monsieur… – quinte de toux grasse. Dans une demi-heure, on pourra cracher dessus !

Il entendit monter de la lisse de dunette un petit rire bref brutalement coupé par un aboiement du chef de pièce intimant à l’homme de faire silence.

L’équipage était resté debout depuis la nuit précédente, lorsqu’on avait lâché les canots que Bolitho avait regardés partir vers la terre. En bas, plus bas encore dans l’entrepont, les marins qui attendaient parlaient probablement à voix basse en se faisant part de leurs doutes ou en se livrant à des blagues sur la pusillanimité de leur commandant. Mais que diraient-ils s’il avait perdu le bâtiment, et eux avec ?

— Quel dommage que nous n’ayons aucun contact avec la Jacinthe, monsieur ! laissa tomber Fitz-Clarence.

— Occupez-vous de ce que vous avez à faire, monsieur Fitz-Clarence, le coupa sèchement Herrick.

Il n’avait peut-être lâché ce commentaire que pour dire quelque chose. Ou bien l’officier voulait-il insinuer que, s’il était trop nerveux pour prendre une décision dans un sens ou dans l’autre, il signalerait à la corvette de passer devant ?

Il remonta de quelques pas sur le pont à la gîte et sentit au passage le regard des servants de neuf-livres qui le suivaient. Toutes les pièces étaient chargées derrière leurs mantelets fermés. Couteaux et haches avaient été passés à la meule sur le pont. Cela lui paraissait fait depuis des heures.

Il aperçut le lieutenant de vaisseau Veitch, chef de la batterie supérieure de dix-huit-livres, qui bavardait près du panneau avec ses deux aspirants. Ils ne se faisaient apparemment aucun souci, il avait été comme eux à leur âge : bien content de laisser les responsabilités aux autres. Lorsque les événements commençaient à aller trop vite pour que l’on pût encore réfléchir, il était de toute manière trop tard. Il croisa les jambes et admira l’aube qui grandissait au-dessus des terres. Il avait participé à Dieu sait combien de batailles navales ; il avait eu la chance d’être épargné, mais il se sentait trop vieux pour ce genre d’aventures.

Loin au-dessus des ponts encore plongés dans l’ombre, il entendait les huniers puis la misaine claquer, se regonfler : une saute de vent. Plus haut encore, les perroquets établis déhalaient bien, il aperçut même l’une des vigies qui balançait ses jambes pour lutter contre l’humidité de l’air.

Il passa de l’autre côté du pont, devenu étrangement spacieux depuis le départ des fusiliers. Il essayait de s’imaginer chacun des officiers sous ses ordres, de Fitz-Clarence, avec ses faux airs de confiance en soi, jusqu’à des gens comme Kipling, au pont inférieur, en passant par Veitch, qui était en apparence si détendu avec ses équipes, bien à l’abri sous les voiles gonflées. Gilchrist à terre, et le lieutenant de vaisseau Steere parti avec lui, il manquait de monde. Et puis ceux qui étaient restés à bord ne formaient pas encore une véritable équipe, et le comportement de leur artillerie au feu restait encore à éprouver.

— Dix-sept brasses !

Il s’entendit ordonner :

— Lofez donc d’un quart, monsieur Grubb.

— Bien, monsieur.

Herrick n’entendait même pas les pieds nus des hommes qui partaient orienter les vergues. Il n’avait encore pris qu’une décision assez mineure, il avait le temps d’en changer.

Il pensait au reste de l’escadre, tout particulièrement à Farquhar. Farquhar qui avait reçu ses consignes : avec l’autre deux-ponts et le Busard pour protéger leur flanc, il devait rester paré à lui venir en aide dès qu’il en recevrait l’ordre. Enfin, dès que la lumière du jour permettrait de prendre contact avec la Jacinthe… Herrick était proche du désespoir, tout cela prenait du temps, beaucoup trop de temps. Bolitho et le corps de débarquement n’avaient pas fait le signal convenu. Faire entrer le Lysandre dans la baie sans le moindre soutien ni le moindre renseignement fourni par la terre était pure folie. Bolitho le lui avait assez dit.

— En route nordet quart nord, monsieur !

— Bien.

Herrick repensa à Farquhar, il aurait bien aimé qu’il fût là pour l’aider. Mais en même temps il l’aurait méprisé en le voyant aussi incapable de prendre une décision. Il était capitaine de pavillon, après tout, mais comme ce titre lui était amer !

Il annonça enfin, lentement :

— Nous allons pénétrer dans la baie, monsieur Grubb – il se tourna vers Fitz-Clarence : Mettez bâbord en batterie, je vous prie.

Les sifflets retentissaient de partout à travers les ponts, on ouvrit les sabords, Herrick entendit une ovation à demi étouffée. Couinant comme des gorets qu’on dérange, les canons du Lysandre s’ébranlèrent. Il essayait de mettre de l’ordre dans ses idées, il imaginait le visage calme de Bolitho.

— Bâbord en batterie, monsieur, annonça Fitz-Clarence sur un ton timoré.

— Merci. Faites passer aux caronades avant, ouverture du feu uniquement sur mon ordre. Il est toujours difficile de toucher un objectif à terre… – il se tut en voyant l’air perplexe de l’officier – comme vous le découvrirez par vous-même.

Le Lysandre dansait rudement sous la traction des voiles, mais Herrick savait d’expérience qu’il fallait être le plus manœuvrant possible dans ce genre de situation. Jamais un bâtiment n’avait réussi à prendre le dessus sur une batterie côtière : autant essayer de tuer une puce avec une plume.

Il passa au vent, s’accrocha aux filets de branle et observa l’eau blanche qui jaillissait sous des rochers écroulés. La pointe occidentale tombait à pic et, comme le boute-hors du Lysandre capturait le premier rayon du soleil à la manière d’une lance, il aperçut la baie et, plus loin, la terre.

— Lofez de deux quarts, monsieur Grubb, ordonna-t-il ; venez au nordet !

Il savait que Grubb allait protester à sa manière derrière son dos, à savoir sans rien dire, mais il se concentra sur son appréciation de la largeur et de la profondeur de la petite baie. Elle était peut-être déserte ; et s’ils s’étaient trompés depuis le début ?

Du monde aux bras, les vergues pivotèrent pour prendre le vent. Il s’approcha du compas sous le regard intéressé des deux timoniers, vérifia le cap puis toutes les voiles une par une.

— En route au nordet, monsieur !

— Bien.

Grubb ajouta :

— On peut pas serrer le vent plus près, monsieur.

Herrick avait les yeux levés vers les voiles principales qui commençaient à trembler et à faseyer. Les vergues étaient brassées au maximum, le bâtiment perdait sur sa route en dépit de la force des voiles. Mais cela lui donnait le temps et la place de manœuvrer.

— Ohé, du pont ! Tirs de mousquet travers bâbord ! – un silence, puis la vigie de misaine : Bâtiments à l’ancre, monsieur, y en a trois !

Et aussitôt, le départ d’un gros canon figea plus d’un homme sur place.

Herrick retint son souffle, comptant les secondes jusqu’au moment où, avec un hululement et dans une grosse gerbe, le boulet toucha l’eau à bonne distance du bord opposé.

— Abattez d’un quart, monsieur Grubb !

Herrick écoutait attentivement le grincement de l’appareil à gouverner et la bruyante réponse des perroquets, tandis que le boute-hors du Lysandre pivotait tout doucement pour pointer sur l’autre cap.

Bang ! Il fut étonné de distinguer à présent une plage toute claire derrière les vaisseaux au mouillage. Et puis des silhouettes qui couraient comme des insectes, tout aussi impersonnelles.

Bang ! Le coup déclencha cette fois une grande clameur quand le boulet tomba juste sous l’étrave, faisant jaillir un grand rideau d’embruns par-dessus le gaillard d’avant.

— Joli coup, laissa tomber Plowman.

— Ça veut dire qu’i’nous attendaient, doivent êt’au courant depuis le début.

— Regardez ! cria Fitz-Clarence. Un des bateaux ! Il essaie de se tirer des flûtes !

Herrick s’épongea le front. Il se sentait plus frustré à chaque coup qui arrivait, dépité de comprendre enfin que tout effet de surprise leur était interdit.

— Un brick, monsieur ! – le jeune Saxby criait comme un fou. Il a coupé son câble !

Herrick vit à son tour l’envol de toile claire. Le brick envoyait misaine et foc, sa silhouette se réduisait à vue d’œil. Libéré de son ancre, il faisait cap sur le large. Ce même vent qui avait poussé le Lysandre vers ces gerbes féeriques allait lui permettre de se mettre en sûreté.

Il sortit son sabre et se dirigea d’un pas décidé vers la lisse de dunette. Il était plus que préoccupé : amer, anxieux pour Bolitho, incertain de sa propre compétence.

— Monsieur Veitch ! Dès que vous êtes paré ! Je veux arrêter net ce brick !

L’officier sortit de sa rêverie et cria :

— Chefs de pièce ! Sur la crête !

Il s’accroupit derrière l’un de ses dix-huit-livres, guettant à travers un sabord.

— Feu !

Toute la batterie cracha feu et flammes dans une longue salve rageuse. Tandis que la fumée refluait par les sabords, les canonniers s’activèrent avec les écouvillons et les refouloirs, Herrick vit de grands cercles d’embruns marquer les alentours du brick.

Les affûts gémirent, on déhala, on poussa à la main vers leurs sabords les dix-huit-livres sur le pont à la gîte. Les chefs de pièce levèrent la main l’un après l’autre et Veitch hurla : « Feu ! »

Ce fut de nouveau le long roulement des départs, les longues flammes rouge-orangé comme crachées par la coque elle-même, les gros boulets qui ricochaient sur l’eau avant de projeter de grandes gerbes au-delà et tout autour du brick. Lorsque la fumée se fut dissipée, Herrick constata que le bâtiment avait perdu son grand mât et semblait dériver. Le pont était dans le plus grand désordre.

— Cessez le feu ! cria-t-il. Monsieur Fitz-Clarence, je veux deux canots parés à affaler d’ici cinq minutes. Vous prendrez le commandement.

Il dut s’essuyer les yeux, la fumée remontait sur la dunette. Il prit l’officier par le bras, le fit se tourner vers les filets :

— Ce bâtiment-là, au milieu, c’est un transport quelconque. Mais il est bien enfoncé. Prenez-le avant qu’ils aient le temps de le saborder. S’ils résistent, retirez-vous, on s’en occupera en passant devant.

Il le poussa vers l’échelle.

— Monsieur Veitch ! Réduisez la toile ! Carguez les perroquets !

Grubb leva les yeux en entendant passer un boulet qui troua la grand-voile comme un poing de fer, y laissant un trou par où un homme aurait passé.

— Seigneur tout-puissant… se contenta-t-il de dire.

Herrick arpentait le pont, envisageait une hypothèse, puis une autre. La gîte diminuait au fur et à mesure qu’ils réduisaient la toile, on releva les filets d’abordage. Les deux canots furent mis à la mer dans un chœur de cris et de hourras, des hommes descendaient à bord, coutelas et mousquets à la main, tandis que l’armement dessaisissait les avirons avant de pousser.

La terre cracha de nouveau, un boulet siffla dans les enfléchures au vent, provoquant au passage la chute d’un homme qui rebondit dans les filets destinés à protéger les pièces contre les chutes de débris.

La lumière avait envahi la baie à une vitesse étonnante. Herrick se détourna des deux embarcations qui bouchonnaient près du tableau. Il distinguait désormais, surmontée d’un panache de fumée, la batterie sur la colline. Il serait bientôt temps de virer de bord pour retraverser la baie afin de couvrir le corps de débarquement et ses chaloupes.

Bang ! Il se retourna, le boulet qui venait de s’enfoncer dans les œuvres vives fit violemment trembler le pont juste sous ses pieds.

Sous misaine, foc et huniers, le Lysandre avançait très, très lentement. Comme cible, on ne faisait pas mieux.

— Nous allons prendre le large bientôt, monsieur Grubb, fit vivement Herrick – il essayait de ne pas entendre un homme qui hurlait. Nous avons fait ce que nous pouvions.

Deux autres boulets passèrent en flèche au-dessus des eaux bleues comme un couple de requins. Le premier fouetta entre les deux canots, manquant de peu les avirons, l’autre atteignit en plein le Lysandre sous le coltis.

Il se força à se concentrer sur les deux canots en pleine action. Le premier avait abordé le bâtiment marchand, l’autre échangeait un feu nourri de mousquets avec des silhouettes groupées à l’arrière.

Il lui fallait rappeler ses canots. Toute cette aventure n’avait que trop duré. Il se tournait vers l’aspirant Saxby, qui attendait avec son équipe de timoniers, parés aux signaux, lorsqu’il entendit quelqu’un crier, comme s’il ne croyait pas ce qu’il voyait :

— Monsieur ! Sur l’autre batterie, monsieur !

Les hommes, qu’ils fussent perchés dans les vergues ou à leur poste sur le pont, se mirent à pousser des cris de joie. Herrick ne pouvait détacher ses yeux du mât qui surmontait la batterie espagnole. Au sommet flottait le même pavillon que portait la corne du Lysandre.

— Je vois du rouge là-bas, murmura Grubb ! Ces sacrés cabillots ont fini par y arriver !

Les voix furent couvertes par une terrible explosion qui se développa tout autour de la pointe, projetant des rochers et divers débris jusque sur la plage, éparpillant les quelques soldats qui avaient tenté de s’approcher de la batterie.

Herrick essayait de contenir sa joie.

— Mettez en panne, monsieur Veitch ! – il confirma d’un signe de tête. Oui, vous ! les promotions vont vite à bord d’un bâtiment de guerre !

Il lui désigna le transport. L’explosion de leur seconde et dernière batterie était venue à bout de toute résistance : il apercevait les hommes de Fitz-Clarence qui grouillaient à son bord, le pavillon d’Espagne qui descendait pour authentifier la capture. Le second brick faisait route et tentait de fuir à toute vitesse pour échapper à la destruction.

Herrick le regardait sans s’émouvoir :

— La Jacinthe s’en emparera.

Les voiles se mirent à claquer en tous sens et le Lysandre vint dans le vent. Les coups de feu avaient cessé à terre, seuls les morts et les blessés sur la côte étaient là pour délimiter la zone touchée par le bombardement.

— Mettez-moi d’autres canots à l’eau, ordonna Herrick, qui essayait d’estimer sa dérive. Nous serons peut-être obligés de mouiller, mais je veux qu’on aille chercher tous ceux qui sont là-bas.

— Monsieur, cria Saxby, le commodore arrive sur la plage !

Il sautait comme un cabri.

— Et voilà les fusiliers !

Herrick s’agrippa à la lisse avec horreur en voyant la procession irrégulière qui arrivait : l’enseigne de vaisseau Steere debout, dans l’eau jusqu’à la taille, près d’une chaloupe que ses hommes avaient dû découvrir quelque part, les blessés à la démarche hésitante, qu’il fallait porter à bord, les deux canots faisant force de rames pour venir au secours des autres.

— Voilà qui va donner aux Espagnols quelque chose à digérer, monsieur, lâcha Grubb, qui arrivait.

Herrick acquiesça : un bâtiment pris, un plus gros détruit, leurs défenses en ruine… Mais il se raidit soudain :

— Monsieur Saxby, donnez-moi votre lunette !

— Puis-je savoir de quoi il s’agit, monsieur ? lui demanda Grubb.

Herrick lui tendit l’instrument en lui disant :

— Le commodore est là avec son neveu.

— Oh, fit le pilote en sifflant longuement, y a aussi son maître d’hôtel, crédieu ! – il referma la lunette. J’crois pas avoir jamais vu autant de miracles en un seul jour !

Herrick arpentait lentement le passavant, incapable de détacher les yeux des embarcations. Il avait rattrapé les choses de peu, il avait bien failli ne pas prendre la décision qu’il avait finalement arrêtée. Peut-être Grubb avait-il raison, avec ses miracles.

Il chercha des yeux Veitch sur la dunette :

— Parés à accueillir le commodore !

Quelques instants après, Bolitho grimpait à bord. Il souriait de toutes ses dents, mais son visage était noir de fumée, on voyait ses coudes à travers les trous de ses manches. Mais il souriait, il souriait d’une façon que Herrick avait oubliée.

— On peut dire que la synchronisation était parfaite, Thomas.

— J’ai presque suivi vos ordres, monsieur, répondit Herrick, tout heureux, puis je me suis souvenu de ce que vous auriez fait à ma place.

Bolitho rejeta la tête en arrière, prit plusieurs longues inspirations. Il s’en était fallu de peu. Les hommes de Leroux avaient tiré trois boulets chauffés contre l’autre batterie et il avait pensé un moment qu’elle allait se rendre. Mais ses servants avaient été rameutés sans relâche par un mince officier, un vrai fanatique. Allday lui avait expliqué que c’était le commandant du camp. L’Espagnol avait également réussi à maintenir un bombardement efficace avec la pièce dirigée vers la mer et deux de ses boulets, peut-être davantage, avaient atteint le Lysandre.

Puis, au moment où le bâtiment semblait sur le point de battre en retraite sous le feu sans pitié des canons, l’un des boulets rouges de Leroux avait touché la soute à poudre de la batterie. Tout s’était terminé ainsi, il avait vu le capitaine espagnol déchiqueté voler en l’air, son épée à la main.

Il se retourna en entendant des vivats, des rires et des cris d’encouragement : Pascœ passait à son tour la coupée, salué par quelques canonniers qui faisaient cercle autour de sa personne en lui tapant sur l’épaule ou se montrant mutuellement son uniforme sali de taches de vin.

— Et quand je pense, monsieur, fit Herrick en hochant la tête, que je doutais que nous y arriverions !

Bolitho le regarda, l’air songeur :

— Avec des hommes comme eux, je crois que je pourrais faire n’importe quoi, Thomas.

Allday passa, essayant d’épargner à ses pieds nus endoloris le moindre boulon ou palan d’affût. Bolitho se débarrassa de son sabre terni et le lui tendit :

— Tenez, Allday, je vais descendre directement.

— Bien, monsieur, répondit Allday, l’œil morne et l’air épuisé.

— Et, ajouta lentement Bolitho, je ne suis pas sûr que je serai ravi si les verres sont encore pleins quand je descendrai – il le dévisageait, l’air chaleureux. Je suis content de vous voir sain et sauf.

Herrick attendit qu’il ait disparu.

— C’est la première fois que je le vois à court de réplique, monsieur.

Bolitho regardait les fusiliers monter à bord, les uns par leurs propres moyens, les autres hissés à grand-peine. On lisait sur les visages l’étonnement, la douleur, le plaisir tout simple d’être sain et sauf. Il sentait l’excitation du combat le quitter lentement, il se demandait ce qu’avaient pu vivre Pascœ et Allday.

Il lui fallait s’abstraire de toutes ces pensées.

— Bien, commandant, faites saisir la drome et signalez à notre prise de lever l’ancre avant de prendre poste sous notre vent – il lui donna une tape sur l’épaule, son sourire était revenu. Nous rallions l’escadre directement.

 

Bolitho attendait en silence que Herrick en eût fini d’examiner la carte. A travers les fenêtres de poupe, il voyait le transport espagnol capturé qui roulait lourdement dans le sillage du Lysandre et se demandait pour la centième fois s’il avait eu raison de ne pas l’envoyer à Gibraltar.

Herrick se redressa et dit en se tournant vers lui :

— Je suis d’accord, monsieur. D’après nos calculs, nous sommes dans le passage entre l’Espagne et Ibiza. Mr. Grubb m’assure que le cap San Antonio se trouve à environ vingt-cinq milles par le travers bâbord.

Bolitho se pencha à son tour sur la carte pour étudier les relèvements et sondes portés çà et là sur le document le long de la côte espagnole. Deux jours avaient passé depuis que Herrick était venu les secourir dans la baie, avant d’ordonner à Inch et à la Jacinthe de prendre en chasse le brick rescapé. Ou bien ce brick était plus rapide qu’il n’y paraissait, ou bien Inch s’était perdu. Solution la plus probable, se disait-il.

Herrick lâcha d’un ton bourru :

— Je ne comprends absolument pas pourquoi nous n’avons pas retrouvé l’escadre, monsieur – son regard ne cilla pas lorsqu’il compléta sa pensée : Le commandant Farquhar savait très bien que nous pouvions avoir besoin de soutien.

 

Bolitho se dirigea vers les fenêtres. La misaine du bâtiment espagnol se gonflait et se dégonflait dans cette brise irrégulière. C’était une prise bien étrange : bourrée jusqu’au plat-bord de poudre et de munitions, de fourrage pour les chevaux et les mules, des tentes pour abriter une armée. Tout cela restait un mystère. Il s’appelait le Segara, et Bolitho avait vu son patron dès qu’ils avaient gagné le large. Un homme assez fruste, fuyant, qui avait été assez surpris quand Bolitho avait produit la lettre prise par Javal à bord de la goélette.

L’Espagnol avait affirmé dans un anglais hésitant qu’il ne connaissait pas sa destination finale. Et, de fait, rien dans sa chambre ne prouvait le contraire. A moins d’imaginer qu’il avait jeté ses ordres par-dessus bord au premier signe de danger, il était tout autant dans le bleu que ses vainqueurs.

L’homme n’avait pas l’air très doué pour le mensonge. Il avait admis qu’on lui avait dit de gagner le golfe de Valence où il devait attendre une escorte et peut-être d’autres bâtiments marchands réquisitionnés pour l’armée. Il avait geint : ce n’était qu’un pauvre marin qui n’avait absolument aucune envie d’être mêlé à la guerre. Le commandant espagnol responsable du chargement de son navire lui avait donné des ordres qui le mettaient sous commandement français. Le patron avait ajouté que les Français utilisaient de nombreux bâtiments pour ravitailler leurs avant-postes fraîchement établis dans toute la Méditerranée.

Bolitho pouvait-il faire abstraction de cette prise inattendue ? Si ce projet de rendez-vous était réel, il était préférable de reformer l’escadre avant de pénétrer à nouveau dans les eaux ennemies.

Mais voilà, Farquhar n’était pas là. Le vent était très stable, rien apparemment n’avait pu empêcher les autres bâtiments de rallier leur rendez-vous.

— Peut-être, dit-il lentement, peut-être le commandant Farquhar est-il tombé sur l’ennemi ?

— Peut-être bien – Herrick ne semblait guère convaincu. Mais le fait est, monsieur, que la Jacinthe n’est pas revenue, avec ou sans prise, et que nous sommes seuls. Désespérément seuls.

— Exact, convint Bolitho. Je pense que nous allons conserver la même route. Farquhar a très bien pu décider, pour des raisons connues de lui seul, de nous rejoindre plus tard, plus près de notre destination finale.

Il laissa courir ses doigts sur la carte, dans la zone indiquée comme étant le Golfe du Lion.

— Les Français sont en train de fouiner dans cette fourmilière, Thomas. Ils ont bien autre chose en tête que l’invasion de l’Angleterre, à mon avis – il déplaça sa main jusqu’aux rivages de l’Afrique. Je suis certain que ce sera ici.

Il repensait soudain à cet éclair éblouissant au-dessus des remparts, lorsque les hommes de Leroux avaient tiré ce boulet rouge dans la soute à poudre des Espagnols. Dans ce court laps de temps, comme ses hommes avaient changé ! Ils avaient à peine hésité, il avait été tout ému d’être le témoin de leurs efforts alors que l’attaque paraissait sans espoir.

Les nouvelles devaient maintenant être connues des plus hautes autorités, y compris en France. Si l’escadre hésitait sur la suite de son action, l’ennemi devait aussi se demander quelles étaient ses intentions.

Il retourna à l’arrière pour regarder la prise. Le lieutenant de vaisseau Fitz-Clarence en assurait le commandement, et il savourait certainement cette promotion inattendue.

— Si la Jacinthe n’est pas là d’ici à vingt-quatre heures, reprit Herrick, je crains que nous ne devions la considérer comme perdue – il se frotta le menton. Et cela signifie que nous n’aurons plus d’« yeux ».

Et il ajouta, non sans une pointe d’amertume :

— Que Javal aille au diable ! Je parierais qu’il est en train de pourchasser une prise de bonne taille pour se remplir les poches !

Bolitho le fixa intensément :

— C’est possible. Ou bien peut-être toute l’escadre a-t-elle été détruite ? – il lui prit le bras en souriant. Mais non, Thomas, c’est une blague. Ne croyez pourtant pas que je ne sois pas inquiet, moi aussi.

Il se retourna en entendant quelqu’un frapper. C’était Pascœ, presque méconnaissable dans son uniforme propre.

— Vous m’avez demandé, monsieur ?

— Oui, répondit Bolitho en lui montrant un siège. Avez-vous eu le temps de réfléchir un peu à votre épreuve ?

Les yeux sombres du jeune homme devinrent soudain plus distants, et Bolitho dut insister :

— Cela peut être important, Adam.

— J’ai eu l’impression, répondit-il en étendant ses jambes, que les Espagnols étaient à ce point désireux d’aider leur allié qu’ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir, excepté se battre. Ils ont recours à des forçats, à des condamnés, à n’importe qui, du moment que ce qu’ils trouvent est capable de travaux de force pour construire des défenses et préparer de quoi charger toutes sortes de bâtiments.

Bolitho le regardait en souriant.

— Avec les vaisseaux du comte de Saint-Vincent qui surveillent Cadix et le golfe de Gascogne, j’ai peine à croire que tout ceci soit destiné à l’Angleterre – il hocha la tête, l’air décidé. Voici ce que je compte faire : continuer vers Toulon et les petits ports français de la zone où, avec un peu de chance, nous retrouverons les nôtres. Ensuite, cap au sudet vers la Sicile.

Son sourire s’élargit quand il vit l’air sceptique de Herrick.

— Je sais, Thomas, le royaume des Deux-Siciles est en paix avec la France. Cela ne signifie pas qu’il est en guerre contre nous, non ?

Il était en train de regarder à travers la claire-voie ce qui se passait lorsque la vigie cria :

— Ohé, du pont ! Voile par bâbord avant !

Herrick se leva.

— Si vous voulez bien m’excuser, monsieur – léger sourire. A mon avis, vous devez enrager de ne pas pouvoir vous ruer sur le pont avec nous !

Bolitho attendit qu’il fût parti pour reprendre :

— Et vous, Adam, comment vont vos plaies et bosses ?

— Je ne me serais jamais douté, répondit Pascœ en riant, qu’une seule carcasse pût afficher autant de bleus !

Des bruits de pieds au-dessus d’eux : Bolitho imaginait les aspirants de quart envoyés à toute vitesse dans les enfléchures avec la plus grosse lunette disponible. La Jacinthe était visiblement seule. Une prise de plus leur aurait certes apporté davantage de considération de la part de l’amiral, elle n’aurait pas valu le risque de perdre une corvette.

— Je voudrais vous demander quelque chose, fit doucement Pascœ.

Bolitho se tourna vers lui et le regarda dans les yeux. Le visage du jeune homme exprimait un mélange de détermination et d’inquiétude.

— Vous avez bien gagné le droit de me demander ce que vous voulez.

Pascœ ne lui rendit pas son sourire :

— Cette dame, mon oncle, Catherine Pareja. Celle que vous… – il hésita – … que vous avez connue à Londres…

— Eh bien ? – il attendit. Que voulez-vous savoir à son propos ?

— Je me demandais : l’avez-vous emmenée à la maison, je veux dire, à votre maison de Falmouth ?

Bolitho secoua lentement la tête. Il revoyait son visage, sentait cette chaleur, ce besoin intense qu’elle avait de lui.

— Non, Adam, pas à Falmouth.

Adam passa sa langue sur ses lèvres :

— Mais je ne voulais pas être indiscret…

— Ce n’est rien, fit Bolitho qui traversa le pont pour lui mettre la main sur l’épaule. Je vois qu’il s’agit de quelque chose d’important pour vous. Mes sentiments comptent aussi pour moi, vous savez.

Pascœ chassa une mèche.

— Naturellement – un sourire – je comprends… – il hésita un peu. Je l’aimais bien. Et c’est pour cela que j’ai…

— Que vous avez croisé le fer. Pour défendre mon honneur.

— Oui.

Bolitho s’approcha de son bureau et prit le sabre brisé.

— Prenez-le. Il m’a réconforté lorsque tout le monde pensait que vous étiez mort – Adam le prit comme si c’était du fer rouge –, mais gardez-le pour l’ennemi, pas pour ceux qui cherchent à vous blesser avec des mots.

Il se retourna en entendant des pas qui descendaient l’échelle et, quelques secondes plus tard, Luce, qui était apparemment de quart, fit irruption dans la chambre.

— Le commandant vous présente ses respects, monsieur. La Jacinthe est en vue, elle sera à portée de signal dans une demi-heure – il jeta un bref coup d’œil à Pascœ. Pas d’autre voile en vue, monsieur.

— Merci, monsieur Luce.

Bolitho ne pouvait s’empêcher de les comparer : Pascœ était plus vieux d’un an que Luce, et encore. Il était heureux de constater qu’ils étaient amis, au milieu de la foule grouillante et souvent sans chaleur qu’héberge un bâtiment de ligne.

— Mes compliments au commandant.

Il lui fallait absolument monter sur le pont, au sommet du mât de misaine si nécessaire, malgré l’horreur qu’il ressentait à l’idée de grimper dans les hauts, voir ce qui n’allait pas avec Inch et sa traînarde de corvette. Il soupira. Cela ne servirait à rien. Avec sa marque au-dessus de sa tête, à ce bord ou à un autre, il était inamovible et devait garder son énergie pour des choses qui dépassaient de loin la manœuvre.

Tout le monde le regardait, Pascœ demanda :

— Puis-je aller rejoindre Mr. Luce ?

— Naturellement.

Il les regarda grimper, rien n’avait changé.

Il venait tout juste de terminer quelques notes sur leur raid lorsque Herrick descendit le voir, tout souriant.

— La Jacinthe a fait un signal, monsieur. Deux voiles dans le noroît. Si j’ai pu penser du mal du commandant Farquhar, je fais amende honorable.

Bolitho s’empressa d’aller voir la carte. Il se souvenait de ce changement de vent, il sentait encore le sable et la poussière sur sa joue lorsqu’il écoutait ce fusilier lui raconter d’un ton impassible cette histoire de ravin infranchissable.

— N’en faites rien, Thomas. Farquhar lui-même n’aurait pu aller si vite et arriver dans notre noroît !

Il attrapa son chapeau.

— Inch a peut-être perdu son brick, mais il nous a rapporté de plus gros poissons !

Herrick le suivit précipitamment, plein de doute et pris d’une soudaine appréhension.

La lumière était éblouissante sur la dunette et le soleil donnait pour ainsi dire à la verticale de la grand-vergue. Bolitho salua d’un signe Veitch, chef de quart, et gagna aussitôt le bord au vent pour essayer de distinguer quelque chose au-delà de l’horizon qui scintillait dans la bruine.

— Signal à la Jacinthe, cria Herrick : « Investiguer et rester sous le vent ! »

— La Jacinthe a fait l’aperçu, monsieur !

— Je m’y attendais, fit amèrement Herrick. Francis Inch a toujours été trop impulsif – il sourit pour dissimuler son angoisse. Quel imbécile !

Luce s’était installé à mi-hauteur des enfléchures et avait appuyé sa lunette pour se soustraire aux mouvements souples du bâtiment. Juste au-dessous, mains sur les hanches, Pascœ levait la tête, les yeux plissés pour lutter contre cette lumière aveuglante. Bolitho se dit qu’il se souvenait peut-être encore du temps où il était lui-même aspirant et chargé des signaux.

— Si on devait faire deux prises supplémentaires, marmonna Grubb d’un ton bougon, on aurait du mal à trouver encore du monde capable pour armer c’bâtiment-ci.

Mais l’appel soudain de Luce fit taire les bavardages.

— De la Jacinthe, monsieur : « Ennemi en vue ! »

Bolitho se dirigea lentement vers le panneau de descente et se pencha sur la lisse. Il les imaginait déjà dans sa tête, il les sentait longer la côte dans leur direction. Il les avait vus bien avant que la corvette lui en fournît confirmation, peut-être même lorsque Luce était descendu dans sa chambre.

— Signalez à Inch, ordonna-t-il, de se rapprocher du Segura – il s’interrompit en voyant l’air perplexe des hommes autour de lui. Lorsqu’il se sera rapproché, vous lui ordonnerez de garder la prise sous son vent. Nous essaierons de ne pas la perdre, si c’est possible.

— Et nous, monsieur ? demanda nonchalamment Herrick.

Mais Luce les appelait :

— De la Jacinthe, monsieur : « Deux bâtiments de ligne ! »

— Nous, Thomas ?

Herrick s’approcha de lui et fit taire les officiers.

— Nous attaquons les deux à la fois ?

— A moins que vous n’ayez autre chose à proposer, Thomas, répondit Bolitho en lui indiquant le vaste horizon.

Gilchrist arrivait, avec son étrange démarche chaloupée. Il s’adressa directement à Herrick :

— Des ordres, monsieur ?

Mais ce fut Bolitho qui répondit :

— Rappelez aux postes de combat. Et je souhaite que le bâtiment soit paré d’ici dix minutes.

Gilchrist s’éloigna en faisant de grands gestes aux jeunes tambours.

— Faites établir les perroquets, Thomas, acheva Bolitho en se tournant vers lui. Je veux que l’ennemi voie à quel point nous sommes déterminés – il le retint une seconde. Et peu importe ce que nous ressentons vraiment, pas vrai ?

Il grimpa l’échelle de poupe. Il entendait derrière lui les battements accélérés des tambours, les bruits de pieds des hommes du Lysandre qui se hâtaient de répondre à leurs appels.

Bolitho se pencha par-dessus la lisse de couronnement ; main en visière, il tentait de distinguer la silhouette de la corvette qui changeait rapidement d’inclinaison en venant à sa nouvelle amure dans l’intention de gagner au vent et de se rapprocher du vaisseau amiral. L’ennemi n’allait plus tarder à apparaître.

Bolitho jaugeait ses propres sentiments : c’était son premier combat à la mer depuis l’année précédente. Il observait la brume qui entourait encore les mâts de la Jacinthe, il se souvenait de l’ancien temps. Était-ce pour cela qu’il avait ordonné de mettre davantage de toile dessus ? Afin au moins de surmonter, si ce n’est de tirer au clair, sa force, ou ses faiblesses ?

En bas, dans l’entrepont, il entendait le froissement des cloisons de toile que l’on pliait, le claquement des apparaux que l’on dégageait autour des pièces et des panneaux. Depuis qu’il avait douze ans, tout cela avait constitué sa vie, il avait enduré tout ce que cette existence pouvait vous offrir ou les risques auxquels elle vous exposait.

Il se tourna pour observer les hommes qui couraient rejoindre leurs pièces, sur le pont principal, et les fusiliers qui gagnaient au pas cadencé leurs emplacements de chaque bord de la dunette, comme à la parade.

Désormais, toutefois, il était commodore. Il eut un léger sourire : commodore certes, mais sans escadre…

 

Combat rapproché
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